SN/AZ I : Trails Of Sasabe

2017_ Inkjet Prints, Canson Infinity, Dibond, Frame box.
80x64cm ; 51x64cm.
California & Arizona, US, 2016.

Trails Of Sasabe (AZ/SN) is based around Sasabe, a frontier village that is known for being the last point of passage for migrants who set out to cross the Sonora Desert in their quest to reach the main urban centres of Northern Arizona. The immense stretches of desert on either side of the border have become the main migratory route from the west of the country. The majority of the landscape is made up of natural reserves where there is no boundary between the two countries. Those attempting to clandestinely cross the desert do so by avoiding the roads and trails. These migrants experience an overwhelming desire to both cross the border and at the same time, to be one with the desert, to disappear from the gaze of those who may be looking for them. The thirteen images on display from Trails Of Sasabe (AZ/SN) highlight the complexity of the human body’s relationship to these border zones.

Air de Paris, 2018
CPG, Genève, 2017
CPG, Genève, 2017
L’assaut de la Menuiserie, St Etienne, 2018
Try But Dry avec Nicolas Momein, Cité Internationale des Arts, Paris, 2016.

L’abri est un lieu où il est possible de se mettre à couvert des conditions météorologiques, d’un danger quelconque ou tout simplement des autres. Il reste néanmoins toujours un espace défectueux où il est seulement possible de prendre une pause, de souffler un instant et de se ressourcer. Mais cette forme architecturale quasi sculpturale qu’elle soit de source naturelle ou humaine, est toujours un espace à vivre temporairement, impossible d’y prendre racine, d’y faire sens et de s’y projeter. C’est l’histoire du corps en mouvement qui se joue là. L’abri on y reste quelques minutes : un pas de porte sur un trottoir pluvieux, une construction de fortune sous un soleil cuisant. Le terme peut renvoyer à des formes extrêmement différentes.  Dans l’exposition « Try but dry », elles font l’objet d’un jeu de regard et d’une conversation entre les travaux de Florent Meng et Nicolas Momein. Quand l’un photographie la situation des migrants mexicains qui passent illégalement la frontière américaine pour trouver refuge aux Etats-Unis, l’autre s’empare d’architectures urbaines ou domestiques. Dans les deux cas se croisent des affinités et des relations de force entre la sculpture et l’architecture, comprise en tant qu’espace de repli sur soi. La cabane est le lieu de jeu de l’enfant mais aussi son espace intime dans lequel il lui est possible d’inventer son monde, de construire sa propre histoire au delà des conventions établies. Chez Nicolas Momein, l’enfance semble être un écho lointain de la construction sculpturale qu’il propose. L’édicule qu’il présente est recouvert de serviettes éponges épaisses et mouillées. L’entrée y est impossible. Il vous invite simplement à faire le tour de la forme, de la suivre du regard, d’accompagner le geste du sculpteur en tournoyant autour, nait alors une sentiment de frustration. Il vous est interdit d’y entrer, vous n’êtes pas le bienvenue. L’artiste vous invite au pas de chez lui sans vous y laisser pénétrer. De même chez Florent Meng les objets et architectures photographiés sont toujours pris en plan serrés. Il ne vous offre pas la possibilité de prendre du recul. Vous êtes collés à l’image. Chez les deux artistes, les œuvres se donnent seulement à moitié et sont des gestes de repli ou s’impose comme des repoussoirs auprès du spectateur. La lumière crue et chaude de midi semble appesantir d’autant plus votre regard, les ombres se découpent de manière franche et vous êtes enfermés dans cet univers chaud, sec et désertique. Si l’abri semble être la forme prédominante, il est aussi question de température. Entre les images ensoleillées quasi brulantes et les serviettes mouillées, elle monte même d’un cran.  Vous ne savez plus si vous suffoquez d’images, de formes et d’objets ou si simplement la chaleur vous fait tourner la tête. Alors que l’abri est un lieu où l’on se met à couvert des intempéries, les artistes ne cessent de recréer des conditions climatiques tropicales quasi étouffantes. Dans cet espace de repli sur soi, même lorsqu’il s’agit de formes architecturales et sculpturales protectrices, le refuge échoue à vous protéger tout à fait. Il est la matérialisation agressive de votre vulnérabilité. Marion Vasseur Raluy à propos de Nicolas Momein et Florent Meng « Try but Dry », 2016.

Try But Dry avec Nicolas Momein, Cité Internationale des Arts, Paris, 2016.